Insomnie depuis un petit mois - La peur de la maladie

Un bonjour a toutes et a tous et mes excuses pour ce clavier qwerty qui donne quelques lacunes a mon francais.

Voila j'ai fait le plongeon, et le besoin de me confier devient presque pathologique.

Debut Juin, j'ai pris un mur.

Je sentais la fatigue arriver: cette sensation de faiblesse des le matin malgre de bonnes nuits de sommeil, moi qui aime tant mon lit. Malgre cette fatigue, debut Juin, nous fetons un anniversaire avec mon conjoint, ce qui nous pousse a passer une nuit entiere sans dormir, accompagnee de forts efforts physiques. Depuis, ma vie est un enfer.

Au debut, je ne m'inquiete pas: je me reveille 3/4 fois par nuit, mais me rendors rapidement. La journee s'accompagne d'une asthenie profonde (1h debout etant un calvaire), m'empechant toute activite, meme la conduite, accompagnee de "blip" de memoire: Bien que les informations soient la: je mets un temps inimaginable a aller les rechercher.

Un schema ressemblant fortement a l'annee 2015 ou, apres des etudes tres prenantes et une accumulation de fatigue, je fais un burn-out: oublis quotidiens, impossibilite de me rappeler des mots (et oui, meme "une fourchette") dans mes deux langues quasi-maternelles, et bien-sur: insomnies chroniques. Je mets plusieurs mois a me remettre, a lentement laisser mon cerveau et mon corps guerir: je me souviens de nuits de torture jusqu'a ce qu'un jour, mon corps lache et se mette a dormir.

Je refais les memes symptomes cette annee: a la place des mots, ce sont les noms qui rament, je me mets a dormir de maniere entre-coupee: endormie a minuit, reveil 1h30, reveil 3h30, reveil 6h, reveil 9h....
Au depart, un leger apport de vitamines et de legeres aides au sommeil semblent aider: je ne me triture pas la tete avec cet endormissement lent: je le laisse venir, me detends au lit, respire, medite. Mais voila: une bonne nuit de sommeil par moi-meme et une intoxication alimentaire me lance dans trois jours sans sommeil.

Et tout se degrade: l'endormissement se fait tres diffficile, je prends des somniferes (Zopiclone) et la peur du manque de sommeil s'installe: je panique a l'idee d'aller au lit, j'en tremble, j'ai peur de ne pas dormir, je meurs d'inquietude a propos de cette maladie, l'Insomnie Fatale Sporadique qui me guetterait: je suis persuadee d'en etre atteinte et de voir mes jours desormais comptes.

Je passe deux jours la boule au ventre et dans la gorge, seul le magnesium semble aider.
Je mange une grosse plaque de chocolat noir en fin d'apres-midi, et passe une nuit blanche complete: ne riez pas, c'est soit ca, soit l'IFS, la panique s'installe, et je me sens desemparee et desesperee, avec ses pensees morbides qui s'installent et me yeux qui suivent avec effroi l'horloge qui arrive en soiree.

Je me sens seule, incomprise et surtout, faible et sans recours. Je stresse et ainsi, je ne dors pas (paradoxalement ma memoire s'en trouve etrangement amelioree et ce brouillard cognitif qui s'etait installe semble s'etre dissipe).

Je commence Sleepio aujourd'hui, accompagne de mes Zopiclone (7.5 mg) journaliers en attendant une prise de sang mardi pour recherche de carence de magnesium (apparemment rare selon le medecin), hypothyroidie et diabete (je demanderais un MRI si je le pouvais pour voir l'etat de ma cervelle de moinot).

Ai-je raison de m'inquieter a propos de cette terrible pathologie? Ou est-ce que les deux dernieres annees, avec relation domestique abusive, PTSD, changement de travail, 4 demenagements, la mort de mon cher papa de cancer, le deces de mon grand-pere de vieillesse, le commencement d'une carriere prenante dans l'aviation et maintenant le covid et l'incertitude... Est-ce que tout cela pourrait etre la base de cet ete de doute et d'angoisse....

Je vous remercie de me lire et d'essayer de comprendre ma detresse.

AziraFall

Bonjour,

Au regard de ce que vous déclarez avoir vécu récemment, on comprend aisément qu'il s'agit d'un contexte plus que propice à l'insomnie.
Pour ma part, mon sommeil serait malmené pour moins que ça...

Je vais vous livrer quelques réflexions pêle-mêle:
-[i] First and foremost[/i]: si vous avez vécu ce qui s'assimile à un burn-out, vous savez très bien que la récupération prend beaucoup de temps, puisque vous l'avez déjà connue, et nécessite d'être encadrée par un médecin.
- Et si vous vous sentez absolument "seule, incomprise, sans recours", courez voir un psy! Parlez, parlez, parlez pour tâcher de débrouiller tout ce qui vous arrive. Une certaine confusion émane de vos propos, ce qui est bien normal vu le niveau d'angoisse qui vous submerge. Mettez tout à plat!
- L'irrégularité de votre sommeil - les soubresauts, les nuits hachées ou blanches, tout ceci s'inscrivant dans une période très courte - sont symptomatiques d'une forte anxiété et non de l'insomnie fatale-machin-chouette (qui effraie absolument quiconque se heurte à une période d'insomnie jamais connue auparavant ; moi-même je m'en suis cru atteint, et trois ans après je ne suis toujours pas un légume! hourra!)
- Si j'étais prof de lettres, je m'amuserais à relever les champs lexicaux de votre message: on y trouve tous les termes se rapportant à la tragédie, à la catastrophe. Essayez de contre-balancer ce sentiment en insistant sur les quelques bonnes nuits (ou même moyennes) que vous avez passées récemment. Faites en sorte qu'elles pèsent du même poids, si ce n'est plus, sur votre psyché, que les mauvaises!
- D'ailleurs, je vous pose la question: sur la dernière semaine, comment avez-vous dormi? Y'a-t-il eu des nuits correctes? En quelle quantité?
- Je retrouve mes angoisses passées dans votre témoignage, ainsi qu'une tendance à l'hypocondrie. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je peux vous garantir que vous finirez par retrouver un sommeil normal. Pour ma part, les piliers ont été:
* la régularité des rythmes de sommeil (que j'applique encore maintenant, de manière automatique - c'est-à-dire un lever fixe, quelle qu'ait été la nuit, induisant, de fait, une légère restriction du sommeil) ;
* une certaine pratique de l'"acceptation" de mon état engendré par des nuits courtes, avec pour corollaire le maintien de mes activités quotidiennes -> il faut penser à tout ce qui vous arrive comme étant absolument normal vu votre chamboulement psychique)
* garder à l'esprit que l'anxiété provoque une réaction physiologique normal face à ce qui est perçu comme un danger. Il est normal, depuis la nuit des temps, pour l'homme, de rester éveillé s'il se sent menacé, comme c'est le cas lorsque nous sommes stressés de ne pas "sentir" le sommeil arriver...

Bon courage, continuez de vous exprimer ici, ça fait du bien!

Bonjour Coal,

Un grand merci d'avoir pris le temps de me repondre, et surtout de m'avoir faite me sentir moins seule dans mon petit coin d'hypocondriaque
C'est vrai que je ne me suis pas du tout penchee sur le positif:
Depuis le premier juin, au final je n'ai fait que 2 nuits "blanches": Une totale et une ou j'ai dormi environ 1h.

Hier, sous Zopiclone: couchee 22h, endormie vers 23h (merci petit cacheton!), reveillee 8h30 et je pense m'etre rendormie vers 9h/9h20 pour me sortir du lit vers 11h15 (post nuit blanche donc j'ai recupere!). Par contre, arrive 16/17h, je n'en peux plus: la fatigue devient intense.

Je passe de bonnes nuits sous Zopiclone pour le moment malgre une anxiete diurne accrue et j'essaye de penser positivement au fait que mon 2eme endormissement etait bien plus naturelet non medicamenteux

Bien plus mauvaise nuit aujourdhui: cette anxiete non stop depuis ma troisieme prise de zopiclone est vraiment un probleme: jai prsun cachet et demi pour avoir un sommeil de moindre qualite: je dirai un total de 7h entrecoupe d'un reveil. Ce qui est je sais vraiment pas catastrophique mais qui me fait me sentir bien moins confiante.

Bonjour,

Je pense qu'il faut considérer le sommeil sur une période donnée, et non ponctuellement, car tout le monde passe une mauvaise nuit de temps à autre, surtout si cette mauvaise nuit s'inscrit dans un contexte d'anxiété...

Pour ma part, j'ai dormi 5h cette nuit et 6 la précédente, ce qui est en-deçà de ma moyenne (6h30/7h) mais ne m'inquiète pas ; c'est normal: il fait très chaud et le jour est plus long (on considère que, pour ces raisons, on dort environ une heure de moins en été qu'en hiver).

Quant au Zopiclone, c'est un traitement contre l'insomnie passagère mais il ne permet pas de résoudre les difficultés sous-jacentes qui influencent votre sommeil (pour le cas d'une insomnie psychophysiologique).

Je trouve que ce que vous vivez est normal au regard de votre situation de "crise"... Il faut du temps pour que le sommeil se régule, et essayer de ne pas se laisser décourager...

Bonjour Coal,

De nouveau, merci de votre reponse.
Je viens d'identifier heureusement un facteur qui me pense peut influencer ce sommeil: je fais de terribles hypoglycemies.
Je parlais depuis qq jours d'une anxiete permanente qui ne me lachait pas. Cette anxiete etait accompagnee de battements de coeur tres rapides, de tremblements. de sensation de chaud... et vraiment d'un sentiment de perdre les pedales.
J'avais lie ces symptomes a la prise de Zopiclone, ils etaient apparus plus ou moins vers la deuxieme/troisieme prise.
Grosse erreur: Je me traine depuis des jours une hypo severe.
Pas tres bonne nuit de 5h totale, un endormissement tres rapide sous Zopiclone vers 1h45 du matin (apres etre rentree a 1h30 du travail), reveil a 5h probablement a cause de tres forts bruits dans la rue, rendormissement et levee de nouveau vers 7/7h30, de nouveau probablement a cause des bruits de rue. Hypo ce matin.


Prise de sang demain matin.

Encore une fois, merci à Coal de ses réponses pertinentes: s'endormir nécessite en effet une détente qui sera altérée par des évènements difficiles que l'on vit, ou que l'on a vécu, et il s'agit bien de travailler sur la gestion de cette anxiété, à a fois ses causes et les stratégies pour composer avec ses symptômes.
Tout aussi juste est cette remarque considérant le sommeil comme un rythme, ce qui requiert de considérer une période et non les nuits une par une, avant de conclure sur la qualité du sommeil.
Concernant vos symptômes, les examens sanguins ont ils mis quelque chose en évidence?
Mon dernier conseil reprend également une remarque de Coal, qui vous alerte sur la nécessité de garder une heure de lever régulière, que la nuit ait été suffisante ou pas. Chercher à "récupérer" en décalant son heure de lever est un piège qui vient renforcer la difficulté de sommeil en rompant la bonne alternance de nos périodes d'éveil et de sommeil; respecter une bonne rythmicité permet de préserver l'architecture et ainsi la qualité du sommeil.
Enfin, ne vous alarmez pas de votre hypnotique qui a notamment pour bénéfice de ne pas laisser s'installer le cercle vicieux anxiété - tension - insomnie - anxiété... tant qu'elle reste ponctuelle et non systématique, il n'y a pas lieu de diaboliser la prise d'un hypnotique.

Bonjour à vous tous après un petit temps d'absence.
Je reviens pour qq nouvelles et conseils.
Je suis rentrée en France pour me soigner depuis le 7 juillet. Mes examens médicaux n'ont rien donné (prise de sang fabuleuse) et mon médecin m'a conseillée tout d'abord une hygiène de vie pour retrouver le rythme
.

Je vais tout d'abord passer au positif avant de parler de mes craintes. Tout d'abord, 3 repas par jour (ce que je ne faisais plus) sont venus à bout de mon asthénie handicapante qui m'empecher même de tourner un volant.
Ensuite, j'ai arrêté le zopiclone complètement. A la "place", mon médecin m'a prescrit de l'oxazepam 10mg. J'ai dormi toutes les nuits sans exception depuis le 7 malgré des réveils fréquents lorsque je ne prenais que 10mg d'oxazepam le soir au coucher avant endormissement quasi journalier entre 22h30 et 23h.

J'ai fait une petite rechute ces deux derniers jours: changement de décor pour un week-end en bord de mer, peut-être n'ai je pas supporté cet endroit très lié à mon père dont je n'ai toujours pas fait le deuil.
Resultat: endormissement samedi à 1h30 pour réveil à 9h20 sous 2 oxazepam. Et hier, journée entière la peur au ventre, angoisse non stop, et endormissement vers 2h30 pour réveil à 8h: je dirai le seul "échec" véritable depuis que je suis rentrée en France.

J'ai rendez-vous pour une TCC car il y a bien sûr des problèmes de fond et j'essaye de ne pas me faire bouffer par mon hypocondrie.

C'est avant tout rassurant que vos examens biologiques soient normaux. Bravo de savoir voir le positif sans rester focalisé sur les moins bons aspects et bravo également de chercher à rester "objectif".
Vous mettez bien en évidence le lien entre anxiété et difficulté de sommeil, et comment un contexte de stress supplémentaire, les souvenirs douloureux, suffisent à faire basculer un équilibre (que vous aviez atteint avec le traitement médicamenteux). La TCC va certainement vous aider à neutraliser l'impact de cette anxiété, et il est important en parallèle que vous puissiez garder les comportements favorables au sommeil, afin de ne pas exacerber le cercle vicieux de l'insomnie. Ainsi, gardez bien soigneusement la régularité de votre heure de lever, gardez votre traitement d'"équilibre", même s'il ne fonctionne pas ponctuellement, en vous rappelant que le sommeil est un rythme et qu'il ne faut conclure qu'au bout de plusieurs jours, voire semaines...
Bon courage, et continuez à nous donner de vos nouvelles.

Bonjour tout le monde,

Une petite update apres des mois de silence.
Peu apres mon dernier message, mes insomies se sont aggravees de nouveau et mon etat mental et physique general se sont degrades a tres grande vitesse: des crises de tetanie a repetition, des nuits de 3h maximum, un stress insurmontable.

On m'a finalement prescrit des antidepresseurs.
Depuis aout, je suis sous paroxetine 20mg. Apres quelques semaines d'effets secondaires, mon corps s'est habitue a la molecule et j'ai pu me debarasser de mon seresta et de mon zopiclone.

Voila trois semaines que je dors juste sous traitement antidepresseur. De 3h par nuit, je refais de tres bonnes nuits a 8h+, meme si je me reveille relativement souvent. Ces reveils ne depassent jamais plus d'une minute ou deux, donc je m'en accomode tres bien.

Je suis toujours en arret professionnel, mais je me repose et je retrouve des forces et surtout, la joie de vie et des projets.
Mes insomies me terrifiaient, mais en trouvant la cause primaire, leur resolution s'est revelee relativement rapide (meme si je n'y croyais pas du tout au depart).

Gardez confiance et surtout, essayez de determiner la cause de vos problemes de sommeil, la guerison est parfois plus proche qu'elle n'y parait

Merci de ce précieux témoignage et bonne suite à vous!