[b]Bonjour à tous! [/b]
Cela fait des mois que je lis ce forum dans tous les sens, et aujourd'hui je me décide à prendre la parole.
J'aurais besoin de votre histoire, de partager avec vous ma galère, mon combat, comme tous, ici, je pense.
J'ai 35 ans, je suis intervenante sociale à mi-temps et jeune maman. Je m'estime très chanceuse, très heureuse. Ma fille est un charme, mon mari gentil et courageux, un chouette job, une chouette maison.
Et pourtant.
Je suis insomniaque depuis 5 ans, par crises espacées de quelques mois. J'ai toujours été anxieuse, avec beaucoup d'imagination ( je fais de la BD, du cinéma amateur...) mais souvent dans les scénarios catastrophe, les pensées en boucle qui vont trop loin et trop longtemps. Typiquement féminin, il parait.
Première crise, je m'en sors avec des plantes. Deuxième crise, les plantes ne marchent plus, il faut que je dorme de temps en temps dans la chambre d'amis (mon mari ronfle TRÈS FORT). La troisième crise, la chambre d'amis ne suffit plus... et mon médecin me donne du Zolpidem.
Malheur. Je n'aurais JAMAIS du toucher à ça.
« [i]C'est un gentil! [/i]», me dit-on. « [i]On le donne aux femmes enceintes[/i] », « [i]pas d'accoutumance, c'est miraculeux, et tu gardes un sommeil naturel [/i]».
Alors, pas d'inquiétude, n'est-ce pas.
Au début, pendant un an, un demi cachet de 10mgr les weekends quand je suis hors de chez moi ou hors de mes heures. Je tombe enceinte, j'arrête tout, et je dors comme une femme enceinte (très bien, dans mon cas).
Puis ma fille a un mois, des coliques qui me réveillent de manière aléatoire plusieurs fois par nuit, et là, une [u]anxiété incroyable[/u] qui se met en place. L'insomnie revient en force, avec, pour la première fois, de vraies crises de panique (elle va mourir, elle va mourir...
). Me sentant absurde et voulant rester forte, je me mets à prendre mon demi-Zolpidem tous les jours.
Cela dure trois mois, puis un jour, le demi-cachet ne suffit plus. [u]Redoublement de la panique[/u], je passe à un entier, mais je m'inquiète. Je me renseigne ici, mais aussi sur d'autres forums ou je lis, à ma grande surprise et consternation que non, le Zolpidem ce n'est pas « un gentil ». Je lis des histoires de gens qui en prennent depuis dix ans, et qui en sont à 5 par soir. Je lis des témoignages de gens qui en prennent 10 avec de l'alcool, qui les pilent et qui se les injectent.
[b]Grande panique. [/b]
Je tente d'arrêter brutalement, avec des résultats catastrophiques. Je me retrouve, épuisée et perdue, en larmes, hystérique, à en prendre 2 et demi pour m'assommer 3 heures, oublier des choses essentielles en journée, manquer de laisser ma petite sans manger dans mes pertes de mémoire. [i]Ca doit cesser
[/i]
Je file chez mon médecin, qui m'envoie chez un psychologue comportemental. En attendant, ordre de me limiter à 10mgr. Ce qui est fait.
L'anxiété, qui atteint toujours des niveaux nouveaux et difficiles (mal au ventre, du mal à respirer, à me concentrer sur ce que je fais, crise d'angoisse au beau milieu d'un moment de bonheur...) semble avoir sa volonté propre. Elle est là quand ça lui plait.
Je demande de l'aide à mon mari, ma famille, mes amis. Ca va mieux quand je parle d'autre chose, quand je m'occupe, alors je reçois du monde, je rends visite...
Je reprends le sport intensif (la boxe) que j'avais abandonné à ma grossesse.
Je m'écris des petits mots sur ma table de chevet : « tu n'es pas malheureuse, ce n'est pas grave, tu n'es pas seule ». parfois, on a tendance à oublier ces choses-là.
J'essaie de relativiser les conséquences de l'insomnie, de l'angoisse. Au pire je dors pas, c'est pas grave. L'anxiété est là, elle fait partie de moi, il ne faut ni la fuir ni la nier ni s’appesantir dessus. La regarder en face, lui dire bonjour, puis rigoler bien fort et profiter de ma chouette vie, parce qu'elle va pas me la g^cher.
L'anxiété, moyennant tout cela, devient gérable, mais je suis depuis un mois maintenant à 10mgr par soir. Ma vie redevient normale, je dors 7 heures, mais est-ce un bon sommeil? Je me sens bien en journée, mais je pleure facilement, et l'angoisse ne s'en va jamais vraiment.
Le psychologue me donne le journal du sommeil du Réseau Morphée. Toute une série de tests. Elle ne m'apprend rien. Elle me dit qu'elle me donnera des exercices de relaxation et qu'on commencera la technique de réduction du temps au lit, mais pas de suite.
Je me sens suffisamment bien de mon côté pour passer à ½ zolpidem.
C'est fait depuis 2 nuits. Je panique beaucoup mais je m'endors, curieusement plus de 3h après la prise du cachet, pendant 4 ou 5 heures, assez pour fonctionner.
Je me pose beaucoup de questions. J'aimerais avoir vos avis !
Est-ce une victoire de passer à un demi, ou cela ne vaut-il rien tant que je ne dors pas sans rien?
Faut-il passer à rien du tout tout de suite ?
Ai-je un meilleur sommeil avec un demi qu'avec un entier? Ou est-ce une illusion?
Qu'est-ce qui marche pour vous, pour calmer l'anxiété? Des techniques, des plantes?
A quoi dois-je m'attendre dans mon sevrage, vu mon historique? A quoi cela va ressembler, à votre avis? Combien de temps? Je ne veux pas qu'on me dise que ce sera fini dans une semaine, mais n'avoir aucune idée, c'est dur...
[b]Bon Dieu, quelle tartine ! [/b]
[b]Excusez-moi ! [/b]
Mais ca fait un bien fou de se raconter.
Merci à ceux qui ont eu le courage de tout lire, je vous laisse la parole, et je me réjouis de vous lire!