Bonjour,
je viens sur ce forum dans l'espoir d'avoir quelques informations concernant mon handicapant problème de sommeil. J'ai un rendez-vous avec un médecin du réseau Morphée dans une semaine, et j'ai aussi un dossier à remplir pour l'observatoire du sommeil à l'Hospital Beckler à Clamart.
Je suis donc plus à la recherche d'informations complémentaires, et je dois dire aussi, d'éléments pouvant me rassurer.
A chaque fois que j'explique mon trouble du sommeil, les gens ne comprennent pas. Je suis pourtant en arrêt maladie depuis un an et demi à cause de lui, et en souffre d'une manière bien réelle.
J'ai un trouble de la personnalité état-limite dit "borderline" depuis l'âge de 18 ans. J'en ai aujourd'hui 32. Il y a 4 ans, j'ai été diagnostiqué bipolaire, à tort. Un traitement a été mis en place, que je continue à prendre car il est efficace. Deux ans après ce diagnostic, je suis entré comme en "grève" avec moi-même. J'ai commencé à dormir constamment. Sans pour antant être déprimé. Je n'acceptait pas ce diagnostic, la bipolarité se soignant mais ne se guérissant pas. Mon arrêt maladie a commencé à ce moment-là. Deux mois plus tard j'ai consulté le Dr Gay de la clinique de Garches, spécialisé dans ces troubles, qui m'a diagnostiqué état-limite. Ce fût le second diagnostic allant en ce sens, et un véritable choc pour moi de voir ce médecin lisant à ce point en moi. Naquit alors un sentiment très encombrant: la colère. D'une maladie aux facteurs héréditaires, je passais à la notion de la responsabilité familiale dans ces 12 années d'enfer. Le traitement continua pour son efficacité sur mes troubles d'humeur associés. Quand au sommeil... rien ne bougea. Trois mois après, je rencontrai mon thérapeute et guide, praticien de Gestalt thérapie et chercheur en psychologie sociale au Cnrs. Les progrès furent fulgurants, et le sont toujours. J'ai pu remonté à l'origine de ma personnalité psychique pour en saisir le fonctionnement et en redessiner une esquisse. De ce côté aucun soucis.
C'est sur le plan du sommeil que rien ne s'arrange, comme si le trouble était devenu autonome. A l'origine, mon sentiment était une grande fatigue de ces années de lutte, et une lassitude face à des espoirs qui semblaient vains. Toujours est-il que mes troubles sont très importants, et semblent avoir acquis une forme d'autonomie absolument indépendante de mon humeur, ou de mes progrès réalisés en thérapie. Cela crée un cercle vicieux, car le sentiment de déprime apparait alors avec cette division progression psychique/stagnation physique.
Je n'ai plus aucun rythme:
je peux dormir 24 heures d'affilée avec de courts réveils pour les besoins physiologiques et alimentaires. Je peux ensuite être éveillé 24 heures sans pauses, super-actif et sans vraie fatigue. Puis je tombe, mais "seulement" 12 heures. Puis je suis éveillé, mais que 6 heures, puis fait une sieste de 3 heures. Puis je m'alimente, m'active 2 ou 3 heures, puis m'endort pour 15 heures. Autrement exprimé, je n'ai plus aucun rythme. Mon horloge biologique est totalement déréglée. Il m'est arrivé de passé 3 jours eveillé. Une autre fois, après une très importante contrariété, j'ai passé 10 jours au lit à enchainer du sommeil. Il y a donc bien un rapport avec le stress.
Mon énergie est accaparée par la thérapie. Il s'agit dans mon trouble de reprendre les rennes d'un psychisme développé de travers, et ce en remontant aux plus lointaines origines de la petite enfance. C'est totalement accaparant. Mais à la clé, il y a la guérison totale et une vie normale. C'est donc un effort obligatoire.
Cela entraine aussi une incroyable activité dans le sommeil paradoxale, très riche symboliquement, avec des portes longtemps fermées qui s'ouvrent. J'ai souvent le sentiment que cet activité nocturne m'épuise, et que je suis constamment entre conscient et inconscient, à "devoir" finir des rêves qui ont des clés à me délivrer.
Pendant de nombreux mois, j'ai pensé que la thérapie suffirait, mais le fait est que dans mon cas corps et esprit sont dissociés.
Et puis parfois il faut bien dire que j'ai eu des moments de détresse, d'isolement, et d'incompréhension des autres face à ce problème de sommeil. Ce n'est pas fait pour aider.
J'ai donc quelques éléments de compréhension, mais pour ce qui est de remettre les choses dans l'ordre, je suis totalement perdu.
Ce qui m'as poussé à enfin prendre rendez-vous? La personne pour laquelle je me bat depuis le début, ma fille. Elle a 5 ans.
Elle m'a dit: "Papa, c'est fini quand l'arrêt maladie?"
Bientôt j'espère.
Merci de m'avoir lu si vous avez tenu jusqu'au bout : )
Jean